Allaitement
Mon histoire d'allaitement avec Pierre: une partition jouée à deux
J'ai accouché à cinq mois et demi de grossesse de Pierre à Grenoble en 2004 et j'ai du avoir bien de la persévérance pour réussir à nourrir mon enfant. Cela devrait être naturel si les mamans étaient mieux informées et surtout mieux accompagnées dans ces moments difficiles. Des esprits chagrins me rétorqueront que chaque femme est libre. Mais comment peut-on être libre de choisir si le bénéfice considérable qu'en tirent les bébés grands prématurés n'est pas expliqué aux mamans? Et, qu'ensuite les mamans ne soient pas assez soutenues. Et ne parlons pas des idées reçues (par qui ? Comment ?) transmises par la famille ou les amis. Voici un petit précis de ce que j'ai personnellement entendu…'Une femme qui accouche à 5 mois et demi n'a pas de lait:c'est un vrai miracle que tu en aies.'' Je n'ai pas allaité mon enfant et il va très bien.'' Ne te bile pas. Quand on a une césarienne à neuf mois, la montée de lait est moindre, alors à six mois …'
Tout d'abord, le lait d'une maman qui a un enfant prématuré est différent de celui d'un enfant né à terme. Il est dit pré- terme. C'est un lait très riche notamment en immunoglobulines Ig A (importante pour la flore et donc pour l'immunité intestinale), en protéines et en calcium. La phase colostrale dure plus longtemps que pour un bébé né à terme. Personnellement, j'ai tiré du lait colostral (de couleur jaune) pendant au moins trois semaines. Or, les bébés prématurés sont très fragiles immunitairement. Il est donc vraiment nécessaire qu'ils soient alimentés avec cet aliment. Sans compter le fait que beaucoup de prématurés souffrent d'asthme. En effet, ils sont souvent fragiles des poumons. Le lait maternel ne peut être que bénéfique pour limiter l'apparition de cette pathologie.
Afin de bien réussir un allaitement, la montée de lait doit se faire le mieux possible. Pour cela, dès que la maman a accouché, elle devra tirer son lait tout de suite. Cela afin de faire comme si c'était le bébé qui tirait juste après sa naissance. Elle aura de préférence un tire lait double pompage afin de stimuler encore plus sa lactation. A la clinique Mutualiste où j'ai accouché, l'équipe médicale a été formidable de compréhension. Néanmoins, j'ai du réclamer le tire lait plusieurs fois. Je l'ai eu au bout de 48 heures …Ensuite, ce lait et surtout le colostrum devrait être donné cru ou congelé après analyses biologiques, cela afin de garder toutes ces propriétés immunologiques et biologiques. Le lait maternel est riche en acides gras polyinsaturés. Or, la forme dite Cis des acides gras insaturés se transforme en forme Trans beaucoup plus néfaste lors d’un chauffage supérieur à 40 °C. Or, lors de mon premier tirage, la clinique m'expliqua que mon lait était congelé, transporté à Lyon (vive la Mondialisation et vive l'Environnement), analysé, puis pasteurisé et recongelé avant de revenir quinze jours après sur Grenoble. Pendant ce temps, mon bébé recevait le
Trois jours après la naissance de Pierre, je me dispose à aller le visiter au CHU malgré mes points de sutures. Je veux absolument le voir même si je sais (je sens) qu'il ira bien … Une des sage femmes (dont j'apprendrais plus tard qu'elle a eu fait des accouchements à domicile) me dit de garder mon colostrum tel quel et de le donner au service de néonatologie. Ainsi, je le ferais congeler pour que Pierre puisse l'utiliser dès qu'il pourra.
Ce fut ma première confrontation au protocole du monde hospitalier. Je me vois encore arriver en chaise roulante à l'Unité B avec mon « or colostral » gardé précieusement dans mes mains. La puéricultrice qui m'accueille m'oppose une fin de non recevoir. 'Le lait doit partir sur Lyon.'' Je lui répond : »Gardez le alors et congelez le ». Non, s'il est contaminé, il peut être dangereux pour Pierre’. 'Alors, analysez le puis congelez le. Vous devez avoir cela ici…' 'Ce n'est pas le protocole.' Tout était dit. J'allais vivre deux mois avec ce mot honnis: le protocole. Le piège se refermait, du moins ce fut mon ressenti.
Je me mis donc à tirer mon lait régulièrement. J'en avais à peine, la tension nerveuse jouant sûrement sur ma lactation. Mais je m'accrochais. C'était tout ce qui me restait pour être active. Ce lien me raccrochait à lui. J’avais voulu accoucher à la maison pour vivre mon accouchement et on m'avait accouché par césarienne sous anesthésie générale avant d'emmener mon fils à l'autre bout de la ville. Tout cela pour me sauver et sauver mon enfant. Il ne me restait plus que l'allaitement comme choix personnel. Je me rendis alors vite compte que je tirais deux fois moins au service néonatologie que chez moi. Sûrement, pour deux raisons essentielles. Tout d'abord, la salle de tire lait était équipée d'un tire lait mono pompage. Chez moi, j'avais loué le tire lait double pompage Medela sur les conseils d’une amie. Je la remercie profondément pour son dévouement et pour sa patience extraordinaire de m'encourager dans mon choix. Que serais je devenue sans elle… Dès que Pierre passa à l'Unité C, je me décidais alors à emmener mon tire lait au sevice de néonatlogie. Ce qui était à priori interdit. Je faisais très attention au tirage et le mettais dans un sac propre. Malgré cela, plusieurs fois, mon lait fut jeté à Lyon pour contamination. Une fois, on m'en jeta deux litres. J'appelais alors le lactarium de Lyon pour savoir le type de contamination. Il me fut répondu qu'on ne pouvait savoir le type exact de contamination, qu'il était fait seulement un dénombrement de flore totale. Qu'ils appliquaient … LA LOI. Je ne pus en savoir plus. Je décidais alors une fois sur deux, de garder le lait chez moi au congélateur pour la sortie de Pierre. Comme je l'avais fait pour le colostrum, d'ailleurs.
Peu de temps après, je demandais à donner du lait cru à mon enfant. Il me fut répondu que cela pouvait se faire uniquement si le lait était tiré depuis moins de deux heures. Or, je tirais beaucoup de lait le matin. Et, j'arrivais au service de néontologie vers deux heures. Je me mis donc par moment à tricher afin que Pierre ait le plus souvent possible mon lait. J'emmenais discrètement le lait du matin à la salle de tire lait pour le donner ensuite à l'équipe. D'autant plus que la salle de tire lait était peu convivial et ouverte facilement aux regards.
Puis, Pierre passa en chambre. On me dit qu'on enlèverait sa sonde pour le nourrir au biberon. Je refusais arguant du fait que Pierre risquait de confondre le biberon et le sein.' Mais non' me fut il répondu.. J'eu même droit à cette remarque: 'Vous verrez bien chez vous comment cela se passe..!!!'. Une puéricultrice super me ramena une soft-cup. Elle servit deux jours et resta en décoration ensuite près du lit de Pierre. L'équipe avait peu de temps soi-disant. Je venais alors l'après midi et restait pour lui donner le sein. S'il n'avait pas pris sa ration, je deva
Enfin Pierre rentra à la maison. Et, là point d'aide pour assurer la suite… Je fis alors une autre belle rencontre via une association qui s'occupe de donner des marraines aux mamans qui veulent être aider pour allaiter leur enfant. Elle me donna confiance en moi mais cela dit, j'ai toujours cru ne pas avoir assez de lait. Il est dur de se défaire de l'hôpital et de retrouver l'écoute de soi-même. De laisser tomber les horaires fixes, les rations surtout lorsque vous êtes maman primipare d'un enfant prématurissime. Je me rappelle encore de cet conseillère en lactation de Grenoble me dire que j'avais du lait pour des jumeaux… Et, pourtant, je continuais à compléter Pierre avec la soft cup. Lors du retour des mamans à la maison, il serait fortement souhaitable que l'hôpital fasse un suivi de celles-ci par des sages femmes…Cela afin de redonner confiance aux mamans lors de la sortie du milieu hospitalier.